20 novembre 2015

Tract d'Ensemble! St Denis suite aux événements du 18 novembre

Ce 18 novembre 2015, vers 4 heures du matin, les forces de polices et de sécurité sont intervenues dans le centre-ville de Saint-Denis, dans le cadre d’une opération visant à interpeller des terroristes des attentats du 13 novembre. Deux personnes sont mortes et sept ont été mises en garde à vue. Une fois de plus, c’est l’horreur. Un sentiment de guerre et de terreur.
ENSEMBLE Saint-Denis s’associe à l’émotion des Dionysien-ne-s qui viennent encore de vivre des heures d’angoisse. Nous remercions et saluons l’ensemble des agents publics qui nous protègent, nous soignent et nous aident dans ces moments difficiles. Face à cette terreur, plus que jamais, nous avons besoin de faire vivre les valeurs de cette ville : solidarité, fraternité, justice, combat pour l’égalité. Nous avons besoin de parler, d’échanger, de partager, de nous rassembler et de ressouder les cœurs meurtris par tant de violence. Comme il est inscrit sur le fronton de la mairie : « faire face ensemble ».
Dans ces moments douloureux, nous condamnons les discours haineux qui visent à stigmatiser la ville de Saint Denis et ses habitant-e-s. La proposition du Front National de « mettre sous tutelle » notre commune est totalement scandaleuse, elle vise une fois de plus à nous diviser, à faire passer les immigré-e-s, les musulman-ne-s pour des terroristes. Saint-Denis est une ville de solidarités, populaire, métissée, qui se bat au quotidien pour la justice, l’égalité et la paix. Tout ce que rejettent les fascistes religieux et l’extrême droite nationaliste française. Plus que jamais nous devons nous rassembler et faire face ensemble à ces idéologies fascistes.
Il est encore difficile de prendre la mesure du choc qui a frappé la société française. Plusieurs milliers de personnes ont eu un-e proche, un-e ami-e, un-e collègue de travail frappé-e par les terroristes. C'est notre société multiculturelle et laïque qui est attaquée, en tout premier lieu sa jeunesse. L’ensemble de la population a su faire preuve de solidarité. Les nombreux hommages publics qui ont eu lieu en témoignent. La peur ne doit pas l’emporter. Il faut dans les prochains jours, amplifier les initiatives qui démontrent notre capacité collective à la mobilisation citoyenne, l’expression populaire, à la convivialité et à la solidarité, afin de surmonter cette épreuve. Nous devons affirmer notre détermination à vivre libres, dans une société ouverte que l'organisation État Islamique veut détruire. 
Des moyens suffisants doivent être mis en œuvre pour arrêter les responsables de ces crimes atroces, protéger les populations et prévenir de nouveaux attentats. Le « pacte de stabilité » qui impose l’austérité à la France doit cesser et laisser place à un « Pacte de solidarité », donnant les moyens nécessaires pour renforcer la cohésion sociale, la justice et l’égalité (services publics, collectivités territoriales, prévention, éducation et santé en priorité), et qui ne peut se réduire au seul renforcement des effectifs des personnels de sécurité.
Cela peut et doit se faire dans le cadre de l’État de droit et sans remettre en cause les libertés publiques et la démocratie. Nous condamnons la prolongation de l’Etat d’urgence votée par le Parlement. Si des mesures sont nécessaires pour assurer la sécurité des populations, l'état d'urgence fait peser de graves menaces sur les libertés publiques et le droit de manifestation. Déjà, plusieurs manifestations ont été interdites : celles contre les violences faites aux femmes le 21 novembre, en solidarité avec les réfugié-e-s le 22 novembre, et, à l'occasion de la Cop 21, les 29 novembre et 12 décembre. Ce dispositif s'inscrit dans un processus de durcissement constant des textes législatifs parallèlement à une réduction des moyens de la police et de la justice.
En reprenant les propositions de la droite et de l’extrême droite visant à faciliter les expulsions et la déchéance des binationaux/nales, il stigmatise une partie des citoyen-ne-s françai-se-s, sans répondre au défi auquel nous sommes confronté-e-s. De même la proposition d’engager dans la précipitation une révision de la Constitution visant à créer un véritable « État d’urgence permanent » constitue une rupture politique dangereuse. Ce n’est pas d’une refondation sécuritaire et autoritaire de la République dont nous avons besoin, mais au contraire d'une refondation sociale et démocratique, de la construction d’une démocratie plus forte, qui permette réellement à chacun-e de s’impliquer dans les affaires collectives. Nous avons besoin de plus d’égalité, de justice sociale, de libertés.
Nous refusons tous les amalgames entre Islam et terrorisme. Nous combattons toutes les provocations et les agressions violentes des groupes d’extrême droite. Contrairement à ce que propose Marine Le Pen, qui en fait des boucs-émissaires, il faut poursuivre l’accueil des réfugié-e-s notamment syrien-ne-s, irakien-ne-s, libyen-ne-s… qui ont été victimes, elles et eux aussi, des violences de milices et de groupes armés terroristes tels que l’organisation de État Islamique – et pour les syrien-ne-s, celles du régime de Bachar El Assad.
L’organisation  État Islamique est le produit de l’intervention américaine en Irak et des guerres, auxquelles participent les armées françaises, qui ravagent le Moyen-Orient depuis plusieurs décennies maintenant. Alors que l'organisation État Islamique a multiplié ces dernières semaines les attentats en Égypte, au Liban, en Libye, en Turquie, c’est à l’échelle internationale qu’une issue pourra se dessiner. 
De ce point de vue, la nécessité de la lutte contre l’EI ne peut justifier une alliance avec le dictateur syrien comme le réclament de nombreux responsables politiques français. Bachar El Assad depuis trois ans mène une guerre sans pitié contre son peuple qui a fait plus de 200 000 morts. Bien au contraire c’est la solidarité avec le peuple syrien, qui se bat en même temps contre l’ÉI et contre Bachar El Assad, qu’il faut renforcer. Comme il faut soutenir le combat mené par les kurdes, à l’encontre de la politique d’Erdogan. Il y a urgence à construire des initiatives internationales, qui permettent de mettre en échec le projet totalitaire de l'organisation État Islamique, qui imposent un embargo sur le pétrole et les armes qu’il utilise, et qui fassent prévaloir les droits des peuples syriens et irakiens à un régime politique démocratique sous contrôle populaire, et aux droits nationaux du peuple kurde.

Il est nécessaire aujourd’hui d’ouvrir un large débat sur la politique étrangère de la France qui concerne tous les citoyens. La fuite en avant dans une logique de guerre accentuée ne peut permettre de faire émerger des solutions durables. Pas plus que le maintien d’une « bonne entente » avec les dynasties et dictatures du Moyen-Orient.
Aux agressions meurtrières contre la liberté, il faut opposer très vite, à l’échelle nationale comme à l’échelle européenne, les exigences de la démocratie, l’égalité des droits et la justice sociale à la place de l’austérité, une fraternité universelle, un accueil européen des réfugiés, une humanité solidaire. C’est la responsabilité des forces de gauche et des forces du mouvement social de contribuer à faire entendre la solidarité entre les peuples contre toutes les barbaries.
Nous souhaitons que cela soit exprimé dans la rue, par la plus large convergence possible, dans les jours qui viennent.

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